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Photographier un objet

Photographier un objet

Photographier un objet en studio - Focus Stacking

Photographier un objet : La technique du "Focus Stacking".

Pas simple d'obtenir un beau rendu.

Lorsque vous vous intéressez à la macrophotographie il vous arrive de vous extasier devant des photographies où tous les plans sont nets.
Qui d’entre vous n’a jamais regardé une pub pour une belle montre où tous les détails sont parfaitement restitués et où le piqué est parfait sur toutes les zones ?

De nombreux artisans d’art dans le domaine des bijoux décident de se débrouiller seuls avec les moyens du bord dans la prise de vue de leur production. Il faut bien régulièrement alimenter son site internet et ses réseaux sociaux, alors on attrape son téléphone ou son appareil photo et hop, quelques minutes plus tard le fichier numérique est sur l’ordinateur et s’affiche en grand sur le moniteur… Et là c’est le drame !

Première déconvenue : Les images ne sont pas aussi grossies que vous l’aimeriez…
Eh oui, la macro, du moins avec la plupart des appareils photo  (chez Canon ils ont un objectif particulier, le MP-e 65), c’est du 1 pour 1.
1 mm de ce que vous photographiez fera 1 mm sur le capteur, il n’y a pas de rapport grossissant, les optiques ne le permettent pas directement (ce ne sont pas des loupes).
Si vous êtes équipé d’un boitier avec objectifs interchangeables pour grossir légèrement vos sujets il faudra vous équiper de bagues d’allonge (les bagues KENKO par exemple) afin de réduire la distance de mise au point. En allongeant la distance entre l’objectif et le capteur vous raccourcissez la zone de mise au point (mais vous diminuez la quantité de lumière qui arrive sur le capteur).

Photographier un objet en studio - Focus Stacking

Deuxième déconvenue : mais qu’est-ce que c’est gourmand en lumière ces petites bêtes là !!!
Vous verrez qu’il n’est pas rare d’aller chatouiller les 2600 ISO si vous n’avez pas de flash adapté. Mieux vaut avoir un appareil qui sait gérer le bruit numérique pour éviter la bouillie de pixels.

Troisième déconvenue : La profondeur de champ… Mon dieu qu’elle est courte !
Pour faire simple la profondeur de champ représente la zone au sein de laquelle ce que vous allez photographier sera net. Avant c’est flou, après c’est flou. En photographie cette profondeur est corrélée à l’ouverture du diaphragme situé dans l’objectif, diaphragme qui laisse entrer plus ou moins de lumière dans le boitier en fonction de son ouverture.
On définit cette ouverture en utilisant une unité qui est le “F”.
Plus le F tend vers le 1 et plus l’ouverture du diaphragme est grande et laisse passer de lumière, mais plus la zone dans laquelle l’objet sera net sera courte.
Il ne faut pas croire que l’ouverture qui marche super pour les portraits va cartonner dans la macro, ou alors il faut aimer le flou !
Une ouverture de F8 c’est super pour faire de la proxi de fleur avec de jolis flous colorés et un bokeh d’enfer (le bokeh représente la qualité de rendu du flou d’arrière plan)… Mais si votre dada c’est le détail, le piqué de chez piqué, pour photographier des objets de très près il va falloir fermer beaucoup plus… ou faire un petit tour de magie technique qui s’appelle le « Focus Stacking ».

Mais c’est quoi donc monsieur Majax ?
C’est une technique que le numérique a rendue possible. Il suffit de faire tout plein de photos de l’objet, mais entre chaque photos il faudra modifier très très progressivement la zone de mise au point (le focus), l’idéal étant de couvrir l’ensemble du sujet.
Ainsi vous pouvez rester avec une ouverture honorable de F5.6 ou F8 et bénéficier de la lumière ambiante pour avoir une exposition correcte sans vignettage et le meilleur contraste possible.
A la fin de la séance vous vous retrouvez donc avec plusieurs dizaines de photos qu’il faudra passer à la moulinette d’un logiciel qui va analyser toutes vos photos, va extraire de chacune d’entre elle les zones bénéficiant d’une super netteté et fusionner toutes les extractions dans une nouvelle vue, qui si tout s’est bien passé, vous offrira une netteté parfaite dans toutes les zones.

Exemple pratique chez Nikon.

Photographier un objet en studio - Focus StackingChez Nikon le focus stacking s’appelle la prise de vue avec décalage automatique de mise au point. C’est assez pratique, on demande un nombre de prises de vues en définissant une valeur de décalage entre deux prises de vues (de 1 à 10 unités). J’ai utilisé pour l’exemple un mécanisme de montre faisant à peu près 5 cm de diamètre.
J’ai positionné ce mécanisme entre deux panneaux LED afin d’avoir suffisamment de lumière.
Ensuite j’ai modifié les paramètres de mon boitier afin d’obtenir 60 images avec un décalage moyen.

Pour les geeks de la photo : l’objectif utilisé est un 105mm F2.8 macro Nikkor à F8 1/60s et 100 iso.

Une fois les 60 images au format JPEG (format obligatoire pour utiliser le mode auto) récupérées je tente de les passer dans un logiciel hyper spécialisé qui s’appelle COMBINE ZP (un vieux logiciel qui fonctionne super bien). Et là à ma grande surprise le logiciel plante…
Trop de DPI, images trop lourdes, trop grandes ? Je ne sais, en tout cas. Combine ZP refuse le chargement.
Il me faudra les réduire de moitié pour qu’il accepte d’en charger une partie en mémoire. il faut dire que cela fait longtemps que je n’ai pas eu à faire du stacking et depuis j’ai changé de boîtier, le nouveau est beaucoup plus performant que l’ancien.
Du coup je réitère l’opération mais à l’aide de Photoshop ce coup-ci. Je charge mes 60 photos dans une pile en demandant l’alignement automatique… et je patiente… longtemps… très longtemps… On sent bien qu’il n’est pas à l’aise.
Au bout d’un certain temps (dix minutes ou un quart d’heure) les photos sont chargées et alignées. Je peux donc lancer la fusion, et je patiente, longtemps, très longtemps… Au bout du compte il aura presque fallu une demi heure pour obtenir le fichier définitif, qui ne m’apportera d’ailleurs pas satisfaction. Des tas de zones sur le mécanisme sont floues, je note la présence de glitchs et artefacts, des zones où le logiciel n’a pas bien su détecter les textures. Bref un fichier qui n’est pas commercialement exploitable en l’état.

Passage dans Affinity :
Je lance le logiciel Affinity (un concurrent de Photoshop) que je viens de télécharger pour le test.
L’ interface est moderne, très agréable et l’ergonomie au rendez-vous.
Ça change un peu de Photoshop mais je retrouve facilement mes petits (contrairement à The Gimp, un autre concurrent de Photoshop mais nettement moins ergonomique).

Fichier -> Fusion ciblée
Je charge les 60 photos (Addition) dans la fenêtre et je clique sur OK…. Hyper simple ! Le logiciel travaille en live et vous montre la progression sous forme d’empilement animé des calques. Et 10 minutes plus tard c’est prêt !

Photographier un objet en studio - Focus Stacking

Le fichier est très propre, pas d’artefact, pas de zone ratée, c’est un “perfect” !
En plus une exportation au format Tiff 16 bits est disponible… Le TOP !

Photographier un objet en studio - Focus Stacking

Ici vous n’avez qu’une vue globale mais même en zoomant sur l’image la texture des différentes matières reste parfaitement définie. Certes Affinity n’est pas gratuit mais il est largement moins cher que Photoshop et le logiciel a l’air d’apporter les mêmes services que son ancêtre…

Je vous ai concocté un petit comparatif entre une fusion opérée sous Photoshop et la même sous Affinity.
En rouge j’ai encadre les erreurs les plus flagrantes sous Photoshop…

Photographier un objet en studio - Focus Stacking

En conclusion

Si vous désirez photographier de petits objets tout en conservant la finesse des détails il va falloir vous équiper en conséquence, ne pas hésiter à investir  dans une “boite blanche” qui va répartir harmonieusement la lumière partout sur l’objet, dans un objectif macro de bonne qualité et apprendre à maitriser la technique du Focus Stacking… 

… ou faire appel à votre photographe préféré qui est déjà équipé et maitrise la technique. 😉